Résumé

II-01

Les perturbations de la physiologie ou les toxicités du troisième type

Pr R. BAROUKIa

a UMR-S 1124 Inserm Université Paris Descartes, Paris

La notion de perturbation endocrinienne marque une date importante dans l’histoire de la toxicologie, notamment sur le plan mécanistique. Les effets des premiers toxiques étudiés étaient marqués par leur caractère aigu, dévastateur sur le fonctionnement des cellules et des organismes et visible à fortes doses. Les toxicologues se sont ensuite beaucoup intéressés à la toxicité liée à la réactivité chimique des molécules, notamment à la génotoxicité et aux effets mutagènes.

Avec les Perturbateurs Endocriniens (PE), la toxicologie a gagné en subtilité et en complexité. Ces molécules peuvent mimer ou s’opposer à des régulations physiologiques très fines soit en modifiant la quantité de certaines hormones, soit leur cinétique soit leurs mécanismes d’action avec des conséquences néfastes sur l’organisme. Les effets des hormones étant eux-mêmes complexes, il en résulte un comportement inhabituel de ces PE et une certaine remise en cause de dogmes traditionnels de la toxicologie. Ainsi une révision des caractéristiques principales des toxiques doit être à présent proposée concernant la relation dose-effet, la nature différée de certaines toxicités, la vulnérabilité de certains stades de développement et les effets des mélanges.

Le terme de perturbation endocrinienne s’est progressivement étendu et décrit pratiquement des effets qui concernent aussi le développement, les régulations neurologiques ou comportementales, l’immunité etc. Il serait plus exact de parler de perturbation de la physiologie comme nouvelle entité mécanistique en toxicologie, mais le terme PE est à présent bien installé en raison du rôle de la perturbation hormonale comme révélateur de ce nouveau mécanisme toxique.