N. Chevalier*a (Dr), R. Paul-Bellona (Mme), P. Fenichela (Pr)

a Service d’Endocrinologie – CHU de Nice & INSERM UMR U1065/UNS – C3M, Nice, FRANCE

* chevalier.n@chu-nice.fr

Objectifs :

L’effet prolifératif des xéno-estrogènes sur les cellules cancéreuses humaines est souvent extrapolé en première intention sur celui du 17β-estradiol (E2). Cette approximation a été analysée en utilisant le modèle du cancer germinal testiculaire, pour lequel l’estrogéno-dépendance a été clairement démontrée, impliquant deux récepteurs (ERβ, GPR30), mais non ERα.

Matériel & Méthodes :

Etude de la prolifération cellulaire in vitro (lignée séminomateuse humaine JKT-1) induites par des doses croissantes de E2, bisphénol A (BPA), atrazine, DDE (métabolite du DDT), diethylstilbestrol (DES) et zéaralénone (mycotoxine), avec ou sans antagonistes spécifiques de ERβ (ICI-182780) ou GPR30 (G15).

Résultats :

Dans ce modèle n’exprimant pas ERα, le DES et le DDE reproduisent l’effet suppresseur tumoral de E2 via un mécanisme impliquant ERβ, neutralisé par ICI-182780. La zéaralénone exerce un effet promoteur médié par GPR30, de manière similaire au BPA car inhibé par G15.

L’atrazine reproduit l’effet inhibiteur de E2 sur la prolifération cellulaire mais via GPR30, comme pour le BPA. Cet effet inverse est dû au recrutement de voies de signalisation différentes et à un probable cross-talk entre GPR30 et ERβ.

Discussion :

Ces résultats indiquent qu’ au sein d’un même modèle cellulaire, des perturbateurs endocriniens estrogéno-mimétiques n’induisent pas le même effet qu’E2 sur la prolifération cellulaire en raison : 1/ de plusieurs récepteurs aux estrogènes 2/ du recrutement de voies de signalisation différentes 3/ de la possibilité de cross-talk entre récepteurs aux estrogènes. Ceci illustre les difficultés pour prédire l’effet toxique d’une substance organique à priori, sur sa seule structure chimique.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.