AF. Herrou*a (Dr), A. Radua (Dr)

a APHP, Paris, FRANCE

* af.herrou@gmail.com

L’hyperthyroïdie à l’amiodarone est une pathologie potentiellement grave, en raison des troubles du rythme qu’elle peut engendrer, en particulier en cas de cardiopathie sous-jacente.

Le cas présenté est un homme de 31 ans atteint d’une cardiopathie congénitale de type ventricule unique.

L’amiodarone a été introduite au décours de plusieurs épisodes d’arythmie supra-ventriculaire, très mal tolérés sur le plan clinique.

Un premier épisode d’hyperthyroïdie de type 2 à l’amiodarone est rapporté en 2014, traité initialement par fortes doses de benzylthiouracile, traitement maintenu à la dose de 25 mg x 2 par jour jusqu’à récemment. L’amiodarone a été arrêtée puis réintroduite à plusieurs reprises, en raison des récidives d’arythmie.

L’hyperthyroïdie récidive en janvier 2018 (TSH effondrée, T4L à 5.5xN). Le médecin traitant augmente les doses de benzylthiouracile à 150 mg par jour, et une thyroïdectomie est programmée en semi-urgence.

Le patient est hospitalisé 48H avant la chirurgie, le bilan préopératoire retrouve une TSH effondrée et une T4L indosable. Après concertation multidisciplinaire, il est décidé de repousser l’intervention chirurgicale de quelques jours. Malgré l’introduction de 600 mg propylthiouracile et corticoïdes à 0.5 puis 1 mg/kg, la T4 libre reste au-dessus de la limite du dosage du laboratoire. Deux séances de plasmaphérèse sont réalisées permettant d’obtenir une T4 à 4,5N en préopératoire.

La balance bénéfice risque entre la mauvaise tolérance de l’arythmie et les risques de la thyroïdectomie totale ont fait prendre la décision de réaliser la thyroïdectomie malgré le risque anesthésique et une hyperthyroïdie non contrôlée. Elle s’est déroulée sans incident majeur.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.