E. Deberles*a (Dr), H. Mittrea (Dr), J. Moreraa (Dr), A. Roda (Dr), M. Jouberta (Dr), Y. Reznika (Pr)

a CHU CAEN, Caen, FRANCE

* deberles-e@chu-caen.fr

Introduction : La gynécomastie peut être due à une surexpression de l’aromatase, accrue dans certaines pathologies notamment néoplasiques ou plus rarement liée à une expression aberrante d’origine génétique. Le syndrome d’excès d’aromatase (AEXS), de transmission autosomique dominante, est dû à une mutation du gène de l’aromatase (CYP19A1). Les mutations somatiques à l’origine d’une surexpression locale de l’aromatase sont moins connues.

Méthodes : Nous avons analysé les tissus adipeux péri-mammaires (biopsie ou pièce opératoire) de 19 sujets présentant une gynécomastie. La quantification de l’aromatase s’est faite par digital PCR ; le séquençage du gène par RACE PCR.

Résultats : Nous avons observé une surexpression significative (supérieure à 10 fois la normale) de l’aromatase dans le tissu adipeux de 3 patients prépubères. Le premier présentait un réarrangement chromosomique entre les gènes CYP19A1 et DMXL2, typique d’un AEXS. Pour les sujets 2 et 3, l’exon 1 de CYP19A1 - contenant 11 promoteurs différents, spécifiques du tissu dans lequel la protéine s’exprime - était inhabituel : le promoteur majoritairement utilisé n’était pas le promoteur I.4, spécifique des adipocytes, mais le promoteur I.2 (spécifique du placenta) et I.7 (cancers mammaires, cellules utérines et endothéliales) respectivement. Aucune caractéristique clinique ou biologique ne différait de façon significative entre ces trois sujets et les sujets dont l’expression locale de l’aromatase n’était pas significativement augmentée.

Conclusion : Il s’agit de la première description d’une surexpression purement localisée de l’aromatase dans le tissu adipeux de patients atteints de gynécomastie, associée au recrutement d’un promoteur non spécifique de ce tissu.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.