N. Ramos*a (Dr), S. Gaujouxb (Pr), J. Le Beyec-Le Bihanc (Dr), M. Dhooged (Dr), L. Groussine (Pr), E. Largerf (Pr)

a Hôpital Cochin-Port Royal, Service de Diabétologie, Paris, FRANCE ; b Hôpital Cochin- Service de Chirurgie digestive hépato-biliaire endocrinienne, Paris, FRANCE ; c Hôpital de la Pitié-salpétrière- Service de Biochimie Endocrinienne et Oncologie, Paris, FRANCE ; d Hôpital Cochin- Service de gastro-entérologie, Paris, FRANCE ; e Hôpital Cochin-Port Royal, Service d'endocrinologie, Paris, FRANCE ; f Hôpital Cochin-Port Royal, Service de diabétologue, Paris, FRANCE

* nelly.ramos@aphp.fr

Introduction

Seuls neuf cas de mutations inactivatrices du récepteur du glucagon ont été rapportés, associant une hyperplasie des cellules alpha-pancréatiques et des tumeurs neuroendocrines. La glucorégulation a été peu étudiée chez ces patients.

Observation

Un homme de 55 ans présentait une altération de l'état général. Le scanner révèle un gigantesque pancréas homogène calcifié. La biopsie pancréatique décrit des cellules endocrines, Ki67<2%. Chromogranine A à 1,5N. Dosage de glucagon : hyperglucagonémie majeure à 36266pmol/L (N<80pmol/l), diminuant à 7505pmol/L sous HGPO; sans signes cliniques de glucagonome. La chromatographie des acides aminés montre une hyper-aminoacidémie prédominant sur les glucoformateurs, évocateur d'une absence d’activité biologique du glucagon. Les fonctions pancréatiques sont altérées : glycémie 4g/l sur l'HGPO, élastase fécale 41 ug/g (N>200). L'analyse génétique révèle l'existence de 2 variants de classe 4 du gène du récepteur du glucagon, jamais rapportés.

Réalisation d’une épreuve de jeûne de 40 heures : glycémie initiale 1,53 g/l, nadir 0,64g/l avec bêta-hydroxybutyrate concomitant à 0,7mmol/l.Les dosages d'autres peptides du proglucagon (GLP1,oxyntomoduline) n'ont pu être réalisés, par interférence des taux formidables de glucagon.

Discussion

Cette observation confirme le rôle essentiel du glucagon dans le métabolisme des acides aminés mais pas dans celui de la cétogenèse. Elle remet en question la théorie de R. Unger selon laquelle il n'y a pas de diabète sans glucagon.

Une enquête familiale devra être réalisée afin d'affiner l'éventail phénotypique. Les conséquences à long terme de l'hyper-aminoacidémie et de l’activation de l’expression du gène du proglucagon restent à préciser.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.