SY08-003

F. Jaisser*a

a Centre de Recherche des Cordeliers - INSERM U1138 Team « Metabolic diseases, Diabetes and comorbidities », Paris, FRANCE

* frederic.jaisser@inserm.fr

Depuis 20 ans nous assistons à un changement de paradigme concernant le rôle physiopathologique du récepteur minéralocorticoïde, avec des conséquences thérapeutiques potentiellement importantes.

Le RM est activé aussi bien par le ligand aldostérone que par les glucocorticoïdes et la sélectivité aldostérone/glucocorticoïde est apportée, en partie, par l’activité de la 11 hydroxysteroid deshydrogenase de type 2 qui va modifier les glucocorticoïdes pour les rendre moins affins pour le RM. Dans ces tissus (rein, colon, endothelium, rétine...), l’aldostérone est le ligand principal. Dans d’autres types cellulaires où cette enzyme est peu ou pas active (adipocytes, macrophages, neurones...), les glucocorticoïdes seraient les ligands modulant l’activité du RM.

Le récepteur minéralocorticoïde (RM) contribue de façon majeure au contrôle de la pression artérielle et de la balance sodée et potassique par son action dans le rein et le colon distal. Ce dogme a d’abord été bousculé par la mise en évidence d’une action anti-fibrotique et anti-inflammatoire des antagonistes du RM (ARM) dans le cœur, conduisant au repositionnement des ARMs dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection diminuée. Ces effets anti-inflammatoires et anti-fibrotiques interviennent également dans le bénéfice des ARMs dans nombre de pathologies, laissant présager une utilisation plus large des ARMs au-delà du champ cardiovasculaire. Plus récemment les conséquences délétères de l’activation du RM (et le bénéfice des ARMs) dans les maladies métaboliques et leurs conséquences cardiovasculaires, rénales, hépatiques, ophtalmiques, cutanées par exemple suggèrent que les ARMs puissent avoir un intérêt dans la maladie diabétique, comme dans l’insuffisance cardiaque et/ou rénale associée au diabète, en jouant à la fois sur la perfusion tissulaire, le remodelage matriciel, l’inflammation et les désordres métaboliques, ayant ainsi un effet synergique avec d’autres approches thérapeutiques plus ciblées. De nouvelles molécules sont actuellement en développement comme les ARMs non-stéroïdiens ayant potentiellement un meilleur index thérapeutique (en particulier pour minimiser les risques hyperkaliémiques dans ces populations). La finerenone est par exemple actuellement en phase 3 dans la maladie rénale diabétique pour limiter la progression de l’insuffisance rénale chronique (essai FIDELIO-DKD) ou les complications cardiovasculaires associées (essai FIGARO-DKD). Les résultats récents de FIDELIO-DKD démontrent son efficacité en réduisant la progression de l‘insuffisance rénale du patient diabétique et en limitant les accidents cardiovasculaires.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.