M. Lemaitre*a (Mlle), J. Corlib (Dr), F. Toulletc (Dr), MC. Vantyghema (Pr), C. Do Caoa (Dr), A. Jannna (Dr)

a CHRU LILLE, Service d' Endocrinologie Diabétologie, Lille, FRANCE ; b CHR DOUAI, Service de Medecine Interne, Rhumatologie, Infectiologie, Douai, FRANCE ; c CHR DOUAI, Service d'Endocrinologie Diabétologie, Douai, FRANCE

* madleen.lemaitre@laposte.net

Introduction : Les myopathies nécrosantes auto-immunes sont parfois d’origine paranéoplasique et précèdent souvent le diagnostic du cancer.

Observation : En 2019, une patiente de 68 ans, suivie pour une maladie de Crohn, est hospitalisée pour myalgies paroxystiques et fatigabilité musculaire évolutive depuis 6 mois, associée à un déficit moteur proximal des membres inférieurs sans lésion cutanée associée. L’électroneuromyogramme réalisée devant une rhabdomyolyse (CPK : 7 740 UI/L (N < 185)) confirme l’atteinte myogène quadricipitale. L’évaluation étiologique révèle l’absence de dysfonction thyroïdienne, l’absence d’anticorps anti-nucléaires au 1/1280è sans anti JO1 mais présence d’anticorps anti-SRP au DOT myosite évoquant une myosite nécrosante paranéoplasique. Le scanner cervico-thoraco-abdominal et la TEP-TDM-FDG révèlent un syndrome de masse thyroïdien G ponctionné Bethesda V, associé à de multiples lésions pulmonaires bilatérales. Une thyroïdectomie totale est réalisée. L’examen anatomopathologique conclut à un carcinome thyroïdien pT2(s)N1bM1R1, muté MSH2, composé d’un contingent peu différencié à 80% et un autre anaplasique à 20%. Une chimiothérapie par Carboplatine-Paclitaxel est rapidement débutée, avec une maladie évolutive à 9 mois de traitement. La myosite a été traitée par corticothérapie (1mg/kg pendant 6 mois suivie d’une décroissance progressive) et Méthotrexate (interrompu au début du traitement oncologique) permettant une amélioration clinico-biologique (CPK normalisés) en 6 mois.

Discussion : Les myosites au cours des dysfonctions thyroïdiennes sont bien décrites. Cependant, la coexistence d’un cancer thyroïdien et d’une myosite paranéoplasique, supposant une communauté d’antigènes et d’auto-anticorps entre muscle et cancer, est exceptionnelle. La mutation MSH2 chez cette patiente ouvre de nouvelles voies de réflexion entre cancer et auto-immunité.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.